Oscar Wilde disait que la beauté est dans les yeux qui regardent, mais qu’en serait-il si 400 yeux regardaient la France ? Serait-elle revêtue d’autant de beautés ? Existerait-il 400 France, ou bien une seule France faite de 400 yeux ?
Au sortir de la crise sanitaire que nous avions presque oubliée, et désormais à l’aune des Jeux Olympiques, France des années 2020, qui es-tu ?
Par Laurine Lafay-Pelorce
Rentrer dans la Bibliothèque François-Mitterrand, c’est comme pénétrer dans un secret, vaste, fort, intimidant. Nous traversons la porte de la Galerie 2 de la Bibliothèque François-Mitterrand.
Ambiance solennelle. Le titre « LA FRANCE SOUS LEURS YEUX », écrit en majuscules, nous accueille. 200 noms gravitent autour. Ces noms appartiennent aux photographes qui prêtent leurs yeux à l’ensemble du territoire métropolitain et ultra-marin depuis le printemps 2023. Nous plissons les yeux. Là, 400 clichés, de taille réduite à celle d’un journal. Nous sommes presque déçus par leur petitesse, mais en même temps, à quoi nous attendions-nous en allant voir des clichés de photojournalisme ?
Ces clichés se rencontrent et s’enfoncent dans un labyrinthe aux murs incurvés, parsemés de niches aux allures de maisons. Les courbes des routes françaises, les maisons des confinements, le labyrinthe de la France.
Nous comprenons que chaque cliché apporte une pierre à l’édifice du travail, de la spiritualité, de l’écologie, de la culture, de l’économie, du sport, des combats. Cet édifice multiple, c’est l’édifice de la France.

Frédéric Stucin, Le réveil des fêtes de village / Grande commande photojournalisme
Rentrer dans la Bibliothèque François-Mitterrand, c’est comme pénétrer dans un secret, vaste, fort, intimidant. Nous traversons la porte de la Galerie 2 de la Bibliothèque François-Mitterrand.
Ambiance solennelle. Le titre « LA FRANCE SOUS LEURS YEUX », écrit en majuscules, nous accueille. 200 noms gravitent autour. Ces noms appartiennent aux photographes qui prêtent leurs yeux à l’ensemble du territoire métropolitain et ultra-marin depuis le printemps 2023. Nous plissons les yeux. Là, 400 clichés, de taille réduite à celle d’un journal. Nous sommes presque déçus par leur petitesse, mais en même temps, à quoi nous attendions-nous en allant voir des clichés de photojournalisme ?
Ces clichés se rencontrent et s’enfoncent dans un labyrinthe aux murs incurvés, parsemés de niches aux allures de maisons. Les courbes des routes françaises, les maisons des confinements, le labyrinthe de la France.
Nous comprenons que chaque cliché apporte une pierre à l’édifice du travail, de la spiritualité, de l’écologie, de la culture, de l’économie, du sport, des combats. Cet édifice multiple, c’est l’édifice de la France.

Cet édifice multiple, c’est l’édifice de la France.
Comment construire un tel édifice ?
Nous détournons le regard. La réponse est sous nos yeux. Le mot « LIBERTÉS » est écrit au pluriel. Ainsi est construit le parcours thématique de l’exposition : autour de la devise nationale conjuguée au pluriel : « Libertés, Égalités, Fraternités ». C’est étrange. Pourquoi avoir mis la devise de la France au pluriel ? Pour manifester des réalités multiples ? Peut-être. Ce qui est certain, c’est qu’autour de ces trois mots, les clichés inondent les murs de la Galerie 2. Il y en a partout, peut-être trop, sur les solennels murs de la galerie 2. Il nous faudra rester attentifs.
Nous commençons notre traversée de la France par les Libertés. De la jeunesse des raves parties d’Aubervilliers à 4h41, des marches pour le climat aux parties de football endiablées, en passant par la liberté de genre et de corps, les regards d’Inès, Antonin, Jade, Lucy, Pernelle et tant d’autres se mélangent pêle-mêle.
Si d’abord nous cherchions à déceler un sens à l’ordre des clichés, nous comprenons très vite que cette quête est vaine : il ne semble pas y en avoir.
Le titre Égalités apparaît. Au pluriel, naturellement. Nous sommes accueillis par des travailleurs et des travailleuses trop souvent oubliés : les ouvriers à l’usine, les marins, et tant d’autres. Le labyrinthe s’affine, les clichés se multiplient. Nous croisons le monde du théâtre, du cirque, de la danse. Nous voyons une multitude de maisons, des inscriptions, des paroles, des articles, des récits, et puis des murs de retraités condamnés à leur solitude face à des murs enflammés de rébellions collectives.
Philippe Brault, Boulogne-sur-Mer, 14 mars 2022, 2h du matin / Grande commande photojournalisme
Comment construire un tel édifice ?
Nous détournons le regard. La réponse est sous nos yeux. Le mot « LIBERTÉS » est écrit au pluriel. Ainsi est construit le parcours thématique de l’exposition : autour de la devise nationale conjuguée au pluriel : « Libertés, Égalités, Fraternités ». C’est étrange. Pourquoi avoir mis la devise de la France au pluriel ? Pour manifester des réalités multiples ? Peut-être. Ce qui est certain, c’est qu’autour de ces trois mots, les clichés inondent les murs de la Galerie 2. Il y en a partout, peut-être trop, sur les solennels murs de la galerie 2. Il nous faudra rester attentifs.
Nous commençons notre traversée de la France par les Libertés. De la jeunesse des raves parties d’Aubervilliers à 4h41, des marches pour le climat aux parties de football endiablées, en passant par la liberté de genre et de corps, les regards d’Inès, Antonin, Jade, Lucy, Pernelle et tant d’autres se mélangent pêle-mêle.
Si d’abord nous cherchions à déceler un sens à l’ordre des clichés, nous comprenons très vite que cette quête est vaine : il ne semble pas y en avoir.
Le titre Égalités apparaît. Au pluriel, naturellement. Nous sommes accueillis par des travailleurs et des travailleuses trop souvent oubliés : les ouvriers à l’usine, les marins, et tant d’autres. Le labyrinthe s’affine, les clichés se multiplient. Nous croisons le monde du théâtre, du cirque, de la danse. Nous voyons une multitude de maisons, des inscriptions, des paroles, des articles, des récits, et puis des murs de retraités condamnés à leur solitude face à des murs enflammés de rébellions collectives.
Nous ne savons plus où donner de la tête.
Les murs de la galerie 2 semblent trop petits pour accueillir autant de clichés. La galerie 2 semble suffoquer. Et puis, le regard d’un sans-abri. Nous nous accrochons à lui. Il nous indiquera le chemin à suivre. Nous ne savions pas encore que Raymond et Denise nous attendaient à leur domicile respectif, le 26 mars et le 12 mai 2022, pour nous raconter leur vie. Raymond et Denise se sont-ils déjà croisés ?
Il est désormais l’heure d’apprendre des « Fraternités » et des « Potentialités ». Ce sont les deux derniers chapitres du parcours d’exposition. Au milieu des réfugiés, des associations d’initiatives citoyennes et des déserts médicaux, on peut entendre le quotidien d’aides-soignants. Les clichés parlent.
Nous savons instantanément que nous arrivons au niveau des Potentialités. Deux chemins s’offrent à nous. Lequel prendre ? Nous choisissons la voie des défis environnementaux et technologiques. Nous sommes en admiration devant la nature, mais aussi devant les communautés alternatives. Nous avons envie d’en faire partie. Notre-Dame-des-Landes est là aussi.
Au sortir de la galerie 2, nous nous disons que les gens que nous croisons auraient pu faire partie de l’exposition.
Quelques jours après avoir pénétré dans la Galerie 2, nous nous rendrons compte, en voyant des clichés agrandis dans le métro, que nous ne les reconnaitront pas. Des clichés placés les uns à côté des autres, il y en a tant, peut-être trop pour les murs de la galerie 2 de la Bibliothèque François-Mitterrand.
En partenariat avec le réseau Diagonal, des musées, des centres photographiques, des centres d’art et des festivals, la Bibliothèque nationale de France accueille, jusqu’au 23 juin 2024, une exposition consacrée au photojournalisme d’une ampleur inédite et qui traverse la France entière. Cette exposition, intitulée « La France sous leurs yeux », c’est 400 yeux – 400 clichés – 200 photographes missionnés par le ministère de la Culture en 2021 pour établir un panorama de la France, comme seul le photojournalisme peut le faire.

Nicola Lo Calzo, Lyannaj : alliance pour une génération queer / Grande commande photojournalisme
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